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suivre ce blog administration connexion + créer mon blog le blog de thierry jamard 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 40 50 60 70 > >> 18 octobre 2017 3 18 / 10 / octobre / 2017 23:55 nisyros 07, fête au monastère timios stavros. le 13 septembre 2014 comme je le disais dans mon premier article sur nisyros, la jeune femme très aimable qui nous a loué une voiture nous a informés que ce samedi soir il y avait une grande fête autour du monastère et de la chapelle τίμιου σταυρού (timiou stavrou, “de l’honorable croix”, nous dirions la chapelle sainte-croix ). on m’a donné une “carte ecclésiastique de cos-nisyros” que je consulte: sur cette toute petite île, il est repéré pas moins de 107 lieux, églises de ville, chapelles de campagne, basiliques paléochrétiennes, monastères, etc., et celui-ci est classé parmi les dix “vieux monastères, dépendances de la panagia spiliani”. il est dit en grec παλαίες μονές, en anglais old monasteries, je traduis “vieux” mais je ne sais pas si cela veut dire qu’il ne s’y trouve plus de moines (ou de religieuses), je n’ai pas pensé à poser la question et maintenant, devant mon clavier, il est trop tard. mais je n’ai pas vu l’ombre d’un moine. il y avait bien un prêtre, un “papas”, mais le lendemain matin il était sur le port et prenait le ferry, il ne réside donc pas dans ce monastère. les bâtiments sont cependant maintenus en excellent état. après avoir visité le musée du volcan et avoir fini l’après-midi à nikeia, nous sommes retournés dans la soirée voir le magnifique volcan en attendant l’heure de la fête, vingt heures, puis nous nous sommes rendus, par une route non revêtue mais très carrossable, à ce monastère situé à un peu plus de deux kilomètres du volcan en direction du sud-ouest. le lieu est isolé dans la nature, la population de nisyros est assez limitée (selon wikipédia en grec, la population totale était, il y a trois ans en 2011, de 987 habitants), je n’aurais pas cru qu’il y aurait autant de monde, car je dois préciser que nous étions les seuls touristes. pas un seul étranger autre que nous deux. en terrasse devant le bâtiment, visiblement construits pour cette fête annuelle, des tables et des bancs de pierre maçonnée permettent aux participants de s’installer. ils vont à l’intérieur, ils prennent de la nourriture et reviennent s’installer ici sur la terrasse pour manger. parce que c’est gratuit, nous qui ne sommes pas de la paroisse, ou de l’île, nous n’avons pas voulu manger pour ne pas nous sentir pique-assiette, mais l’ambiance est bon enfant, les gens sont gais, discutent, rient. puisque nous ne participons pas aux ripailles, nous sommes allés jeter un petit coup d’œil à la chapelle. elle est toute petite, toute simple, de sorte qu’en montrant cette photo ci-dessus, j’ai tout montré… après la fin de la monarchie, après la fin de la dictature des colonels, l’état grec a quelque peu assoupli le lien avec l’église orthodoxe, mais il n’est pas réellement laïc comme en france. et même si, bien évidemment, on peut être patriote dans un état purement laïc, j’imagine mal dans un réfectoire de monastère cistercien, par exemple, une phrase comme celle-ci peinte sur le mur. elle dit: “grèce, ta grandeur n’a pas de royaume”. je ne suis nullement choqué, je suis étonné, c’est tout. on n’en oublie pas cependant qu’il s’agit d’une fête sinon religieuse, du moins liée à la religion et au monastère de la sainte-croix. aussi les festivités vont-elles se dérouler devant la grande icône représentant une croix. ce repas est un moment important. non pas, ou pas seulement, parce que les participants pensent à leur ventre avant tout, mais surtout parce que le partage du repas a un sens symbolique, entre autres avec la cène, le dernier repas pris par le christ avec ses douze apôtres avant sa passion. mais si le repas en commun est un moment important, la fête ne se limite pas à cela, comme nous allons le voir. les musiciens viennent prendre possession de l’estrade, et se préparent à animer la soirée. et cela sous d’autres signes patriotiques. un fusil et un sabre croisés au-dessus de trois mots, θρησκεία, πατρίδα, ελευθερία, c’est-à-dire religion, patrie, liberté . les deux premiers, donc, sont assez intimement liés en grèce, et le troisième s’explique par la longue occupation ottomane, puis par l’occupation italienne, et enfin durant la seconde guerre mondiale par les armées allemandes du régime nazi. dans la devise de la france, quand elle a été créée, la liberté se définissait par rapport à la monarchie absolue d’ancien régime. voilà, les musiciens ont commencé à jouer. le public ne va pas résister longtemps à l’envie de se lever. les grecs ont la musique, la danse, la fête dans la peau. difficile de savoir comment ils étaient avant d’être conquis par un peuple qui avait d’autres coutumes et une autre religion, ces turcs ottomans qui ont tant marqué leur histoire, il est donc tout aussi difficile de savoir si ce sens de la fête et de la gaîté est né du besoin de se libérer, de se défouler, d’exprimer son âme en dehors du carcan des règles ottomanes, ou si ce peuple a toujours été comme cela. la référence à l’antiquité, aux cômastes, n’a guère de sens à ce sujet, car au cours des siècles les brassages de populations ont été tels qu’il n’y a plus guère, ethniquement parlant, de descendants des grecs de l’antiquité sur le sol de grèce. pas plus que de gaulois dans notre france envahie par les romains, les francs, les huns, les wisigoths, les burgondes, les normands, etc. mais ce qui est merveilleux, c’est que ces migrants au cours des âges ont tous adopté la langue locale. alors que nous ne parlons ni gaulois, ni latin en france, en grèce on parle la même langue qu’au temps d’homère. certes, elle a beaucoup évolué, beaucoup changé, mais le grec d’aujourd’hui ressemble autant au grec antique que le français que nous parlons ressemble au français de la chanson de roland , et peut-être même plus. les musiciens se sont relayés. ils sont excellents. celui qui joue debout a une énergie, un enthousiasme, exceptionnels. ce qui ne veut nullement dire que les autres ne sont pas bons musiciens, ou qu’ils ne sont pas capables de mettre de l’ambiance. j’étais assis auprès de celui qui est au premier plan à gauche sur la photo ci-dessus. tout d’un coup, je le vois qui me regarde fixement en remuant la tête mais sans dire un mot et en continuant à jouer. étonné, je le regarde, il tourne la tête vers son bras. une énorme mouche était posée dessus et batifolait dans les poils, ce qui devait le chatouiller, et il ne pouvait rien faire sans cesser de jouer. je l’ai chassée. petite anecdote stupide, désolé… comme tout à l’heure à l’extérieur, on s’attable à l’intérieur. au fond, on va se faire servir, et ce qui est écrit au-dessus du guichet, αίθουσα αγάπης, ne signifie pas “cuisine” ou “chaîne de distribution”, mais “salle d’amour”. non, non, il ne s’agit pas d’incitation à la débauche, il s’agit de l’amour de son prochain dans le christ. nous sommes dans un monastère, que diable! euh... cette interjection est peut-être un peu déplacée en ces lieux? il va y avoir de l’animation, mais d’abord on doit prendre des forces. et puis il fait chaud, il faut se désaltérer. ho-ho, je vois beaucoup de bouteilles, sur les tables. et elles n’ont plus l’air d’être très pleines. et voilà, beaucoup des convives se sont mis à danser. ne voyant aucune piste de danse, et un espace très restreint entre les lignes de tables, je me demandais comment il serait possible de danser, je m’imaginais des danses de salon car s’il y a des jeunes, la moyenne d’âge n’est pas celle des discothèques. mais rien de cela, c’est une sorte de farandole très animée, avec certains pas de danse qui ont l’air d’être conventionnels, et qui tourne autour des tables, se faufilant dans cet étroit espace. peut-être, pour en donner une idée plus précise, puis-je ajouter la vidéo que j’ai faite? quand il s’agit de musique, rien ne vaut l’enregistrement du son, et quand il s’agit de danse, rien n